samedi 23 mars 2013

Trip #18 Arrivée à Yangon (2/8)


Première étape du voyage en Birmanie et passage obligatoire par Yangon, l'ancienne capitale du pays. Il est possible d'arriver par les voies terrestres et les frontières avec la Thaïlande, la Chine ou l'Inde mais en venant de Singapour, le plus simple reste l'avion. Monument religieux le plus prisé du pays, Shwedagon Paya est l'attraction phare de la ville, mais il y a bien d'autres choses à voir dans ses ruelles où se cachent ci et là des vestiges de l'époque coloniale britannique.



Une chose est certaine, la notion de temps en Birmanie est différente de celle que nous avons. Pour être plus précis, on dirait que le temps s'est arrêté pendant de longues années, pour finalement reprendre sa course à un rythme effréné. La dictature et les différentes périodes d'occupation britannique et japonaise ont figé le pays dans le début du siècle. Les élections de 2010 et la prise de pouvoir du nouveau gouvernement en 2011 ont contribué à ressortir le pays de l’œil noir du cyclone dans lequel le régime dictatorial et autoritaire l'avait plongé. Suite aux levées d'embargo des Etats-Unis et de l'Union Européenne en 2011, puis du Royaume-Uni en 2012, le pays est la cible des multinationales du monde entier. Entre tradition (forcée) et demande de modernité, le pays est en pleine transformation. Yangon permet d'illustrer cette phase de mutation. La ville abrite quelques vestiges trop rares ou trop délabrés de la glorieuse puissance coloniale britannique. C'est le cas de cet hôpital rouge en haut à gauche de la photo, en état de délabrement avancé, ou des appartements verts du début du 20ème siècle. La ville est grande, sale, bruyante, mais très attachante par ce charme que dégage son architecture faite de bric et de broc.


Les édifices religieux catholiques ou encore les bâtiments étatiques apportent également une idée de ce que pouvait être la ville il y a de cela plusieurs décennies. Ces constructions dénotent parfois dans le paysage urbain lorsqu'une barre d'immeuble se trouve à côté. Dans l'ensemble, la ville reste construite à l'échelle humaine et dans le style asiatique des pays en voie de développement : pas de gratte-ciels et une ville très étendue. Anciennement appelée Rangoon, Yangon était la capitale de la Birmanie jusqu'au 27 Mars 2006, date à laquelle la junte a officialisé le changement après avoir décidé sans prévenir personne, de déménager à Naypyidaw - signifiant "Le Siège du Roi" - au cœur du pays (du moins, au milieu de l'axe Nord-Sud). Plusieurs raisons ont poussé les autorités à déplacer la capitale à 320km au nord de Yangon : le besoin de choisir un emplacement stratégique et centrale et la crainte de subir une attaque ennemie, l'ancienne capitale étant difficilement défendable en raison de sa proximité avec la côté et la frontière Thaïlandaise. En même temps, la paranoïa Birmane est à la fois justifiable et stupide. Justifiable si l'on vit au 17ème siècle et que l'on craint les invasions barbares; stupide car tant bien même la Birmanie serait attaquée par ses voisins (ce qui est tout de même peu probable au 21ème siècle), ce ne serait qu'une question de jours avant que les armées Indiennes, Chinoises ou même Thaïlandaises ne puissent débarquer à Naypyidaw. Autre anecdote : le gouvernement avait caché jusqu'au dernier moment son intention de changer d'air, embauchant pas moins de 25 compagnies de construction pour bâtir une capitale à partir d'un champ et commencer les travaux en ... 2002. En lisant un petit peu plus, on apprend que le transfert des membres du gouvernement s'est fait en deux étapes et à des moments bien précis : le 6 Novembre 2005 à 6:37am et le 11 Novembre 2005 à 11am, en fonction de circonstances astrologiques favorables bien évidemment.


Un des endroits où il est facile de mesurer la position d'un pays sur l'échelle de développement est le supermarché. Outres les petites pépites dont il regorge, le supermarché, pardon, l'Hyper Marché comme c'est écrit sur la façade, donne une représentation des habitudes de consommation des habitants de Yangon. Une petite partie était réservée à l'alimentaire, ce qui reviendrait à présenter le 1st Super One comme une sorte de Galeries Lafayette. Nous (y) voilà !


Mais le mieux est encore de se perdre dans les rues de la ville, en résistant à la chaleur extérieure omniprésente, mais toutefois moins humide que celle de Singapour, donc plus facile à supporter. A quelques encablures de l'Hyper Marché 1st Super One, une curieuse boutique se présentait à mon objectif. Cela me faisait penser aux libraires sur les quais de la Seine à Paris : un mur de livres d'un autre temps, d'un autre pays et surtout d'une autre langue se dressait devant nous. 


En parlant d'une autre langue, la voici sur une plaque de rue. Heureusement pour les touristes, la double écriture birmane-anglais est toujours en vigueur. Peut-être plus par manque de moyens que par volonté de garder la présence de l'anglais. En grand lecteur de Tintin que j'étais dans mon enfance, je trouve que ces caractères sont proches de ceux que l'on voyait dans "les Cigares du Pharaon".


Comme vous pouvez vous en douter, la rue est le poumon des activités commerciales de la ville. Le supermarché est réservé à une classe sociale élevée et les achats du quotidien se font dans les marchés et sur les étals de fruits et de légumes dans les rues. On mange pour pas grand chose avec ces petites carrioles ambulantes. Précautions de voyageur, il vaut mieux se méfier des glaçons et préférer les plats chauds donc cuits, censés éliminer plus de bactéries. Sur la photo en bas à droite, une jeune artiste de rue réalisait sur le côté du trottoir de magnifiques dessins.
    

Bien entendu, les infrastructures de la ville sont chaotiques. Le réseau électrique de Yangon est à l'image d'une autre grande colonie britannique voisine où les habitants portent des moustaches et remuent la tête frénétiquement. Les coupures de courant sont assez nombreuses mais en tant que visiteur, cela donne un petit cachet. Ahh, ces pays sous-développés... Le charme des installations électriques ne dépendant pas du nucléaire ! Un autre mini détail m'a fait sourire là-bas. J'ai remarqué que tous les tuyaux de canalisation en plastique étaient bleus. Dans les hôtels, les restaurants, partout où il y avait des canalisations, ce bleu était de présent. Je n'ai pas cherché à creuser plus que cela la raison du pourquoi, préférant y voir un clin d’œil à Peyo et à ses petits Schtroumfs.
 

Tradition et modernité, épisode 461 - Où comment défigurer le panorama de la ville avec quelques mètres carrés de publicité. Une vieille mosquée, des bâtiments hors d'âge, des câbles électriques à tire-larigot et un panneau publicitaire pour un téléphone sud-coréen. Le groupe est massivement présent en Birmanie et les publicités semblent être d'une extrême arrogance. Qui peut s'acheter un smartphone dans un pays où le salaire moyen est de quelques dollars US par jour ? Cette publicité ne cible-t-elle pas par la même occasion les touristes de plus en plus nombreux ? Même en vacances, les multinationales ne vous lâchent pas les rétines.


Peur sur la ville avec les mêmes terreurs à plumes que nous avons en Europe. Les pigeons sont omniprésents dans les grandes villes de Birmanie. Ces rats du ciel bénéficient sûrement des largesses des populations bouddhistes et hindouistes, soucieuses de leur karma.


Non, cette photo n'a pas été prise en Écosse et malgré les apparences, la tenue de ces gentlemen n'est pas un kilt mais un longyi, une sorte de robe pour homme que l'on retrouve un petit peu partout en Asie, des Indes à l'Indonésie. Dans cette ruelle, nous étions plongés en Inde avec des stands faisant office de véritables musées de l'électronique. Tout y est démonté, désossé, et exposé pour revente à la pièce.


A priori, il s'agissait d'un panneau de chantier au beau milieu de la ville. En espérant qu'il ne leur vienne pas à l'idée de détruire le vieux bâtiment qui se tenait derrière cette palissade d'un beau "rouge Hermès".


Lors de notre première soirée en Birmanie, nous avions été visité la Shwedagon Paya. Une fois encore, les superlatifs vous manquent quand vous devez décrire ce que vous voyez dans ces lieux de culte en Asie. Si nos cathédrales Romaines n'ont pas à pâlir, les temples du coin proposent d'autres architectures au style plus bling-bling : cela brille de partout, de l'or, de l'or et encore de l'or (du moins, en couleur), et des édifices  immenses, tournés vers les dieux du ciel.


Ce temple est le plus sacré pour les bouddhistes birmans. Chaque croyant rêve de pouvoir venir le voir de ses propres yeux au moins une fois dans sa vie. Situé en bordure de Yangon, le temple est omniprésent dans le panorama puisqu'il est possible de le voir depuis le centre ville.


Le meilleur moment pour admirer ce temple est en fin d'après-midi, voire en début de soirée, quand le soleil se couche sur le temple, révélant ainsi des reflets orangés changeants de minute en minute. Il y a toujours du monde près à gravir les grandes marches pour y accéder. Petit conseil, munissez-vous de tongs si vous êtes amenés à visiter ces temples. Les chaussures sont interdites et vous serez bien content de pouvoir avoir votre sésame (id est les pieds nus) en quelques secondes, plutôt que de devoir enlever chaussures et chaussettes sur les marches de l'entrée.

Yangon, le retour


A la fin de notre voyage, nous sommes repassés par Yangon pour moins de 24h avant de redécoller pour Singapour. Nous en avons profité pour revisiter une partie de la ville et compléter nos achats de souvenirs du côté du Bogyoke Market. De nombreux marchands de peinture exposaient leurs œuvres, souvent très colorées. A l'étage du marché, se trouvaient de grandes pièces abritant des magasins de couture. Les machines à coudre étaient de sortie, et le bruit incessant des aller-retours du fil dans les pièces de tissu, mélangé aux conversations des petites couturières formait une drôle d'ambiance, pleine de vie.


A l'opposé de la rue, il y avait un autre marché couvert où vous pouvez acheter toutes sortes d'étoffes dans le style traditionnel birman, mais aussi des bazars, drogueries et même des pharmacies (à retrouver prochainement dans la catégorie "Bonus").


S'il est une question complexe à répondre, c'est bien "comment décrire physiquement un Birman ?". Pour parler simplement, il y en a de toutes les couleurs. Des chinois à la peau très pâle, aux Indiens plus foncés, des thaïlandais plus mates aux Sino-tibétains, la réponse est délicate. Une carte du pays ne sera pas de trop pour comprendre la diversité en Birmanie. Pour ce qui est de la photo ci-dessus, elle a été prise dans les rues piétonnes qui bordent le Bogyoke Market. Épaules larges, grosses bagouzes, lunettes de soleil, le monsieur en chemise rose en haut à gauche me fait penser à un membre de la mafia birmane, du genre pas commode.


Pour comprendre, il faut savoir que la Birmanie est composée de plus de 130 groupes ethniques, aux dialectes différents. La majorité de souche est celle des Bamars (68% de la population), suivie d'autres ethnies minoritaires officiellement reconnues : les Shan, groupe ethnique Thaï (près de 10%), les Karen ou Kayin, proches de la frontière avec la Thaïlande (7%), les Arkanise ou Rakhine people, proches du Bangladesh et de l'Inde (5%), les Chinese Burmese (3%), les Mon proches des ethnies Thaï (2%), les Kachin ou Jingpo, proches de la Chine (1.5%), les Chin, considérés comme Tibeto-Birmans (1%), et les Indian Burmese, venus du temps des colonies (+1%). Ces ethnies majoritaires chez les minoritaires sont également divisées en sous-ethnies, rendant la description plus complexe. Certaines des ethnies ont un État portant leur nom, mais les populations sont souvent éparpillées dans le territoire.


Un drôle de rituel pour conclure notre passage sur Yangon avec le business des pierres précieuses. Les asiatiques sont des mordus de bouts de cailloux et les Birmans n'échappent pas à la règle. Plusieurs revendeurs se baladaient dans la rue piétonne avec des bananes à la taille et des téléphones portables de partout. Depuis le premier étage du marché, j'ai pu saisir ce moment intense de discussion et un curieux rituel avec un acheteur (en chemise blanche) frottant frénétiquement les petites pierres vertes sur son front, peut-être dans l'espoir de voir sortir un génie, ah non, c'est une lampe qu'il faut frotter. Peut-être alors dans le but d'humidifier la pierre afin de pouvoir sonder son cœur et s'assurer qu'il n'y ait pas de défauts.

Après une première journée sur Yangon, nous avons fait nos valises notre sac pour embarquer au petit matin  dans notre premier avion pour un vol intérieur, direction Bagan.


Article déjà publié sur la Birmanie :

1 commentaire:

  1. Merci pour le voyage!

    ( ça me donne envie d'y aller pour le coup... )

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