lundi 15 avril 2013

Trip #18 Inle : lac, sac et randonnée (5/8)


Il y a de multiples façons de décrire le lac d'Inle et ses environs. Une chose est sûre, c'est que c'est un endroit paisible et plaisant : de vastes étendues, un lac immense tout en longueur, bordé par de petites collines, des balades en vélo ou en bateau, des randonnées dans les hauteurs, etc. On vient au lac Inle pour se reposer et c'est agréable.

La première sortie en bateau n'avait pourtant pas commencé comme on pourrait le penser. Le départ pour la balade sur le lac débuta de bon matin et un épais brouillard nous accueillit en lieu et place du paysage de carte postale tant attendu. C'est simple, nous étions près à voir surgir le pendant birman du monstre du Loch Ness à tout instant. Même notre petit capitaine de galère semblait déboussolé et il dû s'arrêter à de nombreuses reprises pour demander sa route auprès des pêcheurs riant de bon cœur devant son infortune.


Quelques précisions géographiques pour commencer : la région du lac Inle se trouve au centre-Est du pays, à proximité de Mandalay et la capitale Nay Pyi Taw (ou Naypyidaw). Tout est proche et pourtant si loin à la fois en Birmanie. Nous avions convenu d'utiliser les vols intérieurs pour nous rendre à Inle depuis Mandalay. Nous sommes arrivés à l'aéroport d'Heho, situé au Nord du lac. Nous devions nous rendre à Nyaungshwe pour rejoindre notre chambre d'hôte, en passant par Shwe Nyaung. Nyaungshwe, Shwe Nyaung, en Birmanie il vaut mieux ne pas être disléxique dislait-sixe dyslexique quand vous demandez votre chemin. Dernier point marqué sur la carte, la ville de Kalaw à l'Ouest fut le village de départ de notre randonnée de deux jours.


Ayant remarqué la similarité des noms des villes et villages birmans, je suis resté perplexe devant ce panneau en me demandant si nous n'étions pas sur un mauvais lac. Finalement, il s'agissait d'une coquille, les petits ouvriers de la DDE locale avait dû installer des panneaux indiquant des auberges (INN, en anglais) juste avant et étaient restés marqués par cette orthographe.


Ici aussi, les femmes ont la vie dure et contribuent activement à faire vivre le foyer, de jour en travaillant dans les champs et même de nuit en attisant les braises.


Nous sommes allés nous promener en vélo dans l'après-midi et nous avons plus ou moins longé la lac vers l'Ouest, en arpentant une route digne de Paris-Roubaix sans les pavés, c'est vous dire. Tous les vingt mètres, une nouvelle perspective, un nouveau paysage, une irascible envie de photographier me prenait tant la nature était belle. Il n'y avait personne ou pas grand monde et malgré la route vétuste, ce fut un moment très agréable. Note pour les futurs voyageurs : pensez à prendre un maillot de bain en venant de ce côté du lac. Des sources chaudes naturelles vous attendent dans un des petits villages.


Fin de notre balade à vélo, nous arrivâmes dans un grand resort quasiment vide donnant sur le lac. Une fois encore, le temps semblait arrêté et la quiétude des lieux fut appréciée. En haut sur la colline, un temple avec une vue imprenable sur le lac attendait les plus courageux car il fallait monter les centaines de marches pour atteindre le sommet.


Nyaungshwe, enfin je crois (de toute façon je ne sais pas qui pourra contester)


Des petites "moinillonnes" quittaient leur nid pour une journée de prière et de méditation. C'est toujours étrange de voir des jeunes femmes le crâne rasé. A part Nathalie Portman ou Demi Moore, peu de femme peuvent "faire table rase" de leur chevelure sans mettre en péril leur féminité. Ce fut malheureusement la seule photographie prise de ces jeunes bouddhistes pendant le séjour.


Une vendeuse de poissons sur les bords du marché ouvert de Nyaungshwe


Et peut-être son mari pêcheur, effectuant une danse de la pagaie typique d'Inle. Les pêcheurs locaux se déplacent sur de petites embarcations, fines et longues. Ils se tiennent debout à la poupe et s'aident de leur jambe pour ramer. C'est un mouvement d'un puissance et d'une fluidité, on dirait réellement un ballet aquatique. Ce ne serait pas le Lac des cygnes mais le Lac des flamants roses, vus qu'ils se tiennent sur une jambe.


Une cabane dans les canaux du lac. Une grande partie du lac sert à cultiver des tomates, les parcelles de cultures étant séparées par ces canaux de navigation. C'est assez drôle de voir les agriculteurs-marins, s'occuper de leurs tomates tout en restant sur leur barque.


Un autre pêcheur...


En passant dans les canaux, on traverse parfois des mini-villages de maisons sur pilotis. De multiples boutiques à touristes vous y attendent, mais aussi des fabriques de cigares, des ateliers de textile, etc. Un réflexe malheureux qu'ont pris les enfants est de tendre la main pour recevoir de l'argent ou quelque chose. Nous avions été assez choqué de voir que les enfants de Bagan ne voulaient plus de cahier ou de savon mais des téléphones portables, du parfums ou des bonbons.


Des marchandes ambulantes vous accostent également pour essayer de vous vendre des souvenirs au cas où vous n'auriez pas trouvé votre bonheur dans les magasins.


Parmi les nombreuses visites prévues, une restera marquée dans les anales. Nous nous sommes arrêtés dans un atelier de confection de vêtements en fibre de roseau. La jeune fille sur la gauche collectait la précieuse fibre en découpant de petits morceaux de roseau puis les effilant et en récupérant la fibre minutieusement. La petite (elle était vraiment toute petite) grand-mère sur la droite, étirait les fils de roseaux fraîchement obtenus. La productivité était ridiculement basse, une bonne ouvrière produisant en moyenne 60 centimètres de fibre par jour !


Une fois la fibre récupérée, le processus de coloration intervient. Puis il faut mettre en bobine les mètres de fibres colorés.


L'atelier à l'étage comprenait pas moins d'une vingtaine de métiers à tisser à bras, le tout fonctionnant dans une symphonie rythmée par les voyages des navettes, se baladant de gauche à droite. Impressionnant et assourdissant ! En haut à droite, une femme-girafe effectuait du tissage également, mais en prenant de la hauteur par rapport à ces collègues.


  Une autre embarcation bien chargée et son rameur à jambe. Unique en son genre vous dis-je.


Autre cliché du lac Inle, les nasses en forme de cône des pêcheurs.


Après avoir rejoint Kalaw le deuxième jour, nous sommes partis pour une randonnée avec au programme la traversée des collines, une nuit chez l'habitant et un retour sur le lac. Nous avions un tout jeune guide d'une vingtaine d'années à peine et qui fort heureusement se débrouillait en anglais. Si parfois il était difficile de se faire comprendre dans les grandes villes birmanes, c'était quasiment impossible dans les campagnes.


Les paysages étaient surprenants mais pas non plus époustouflants, en fait il y avait un peu de tout ce que l'on connaissait déjà : des rizières (dont la plupart étaient en jachère ou au repos), des champs de blé, du maïs, des chênes, des pins, beaucoup de piments (ça, c'était nouveau, d'accord) et de la terre rouge un peu partout. Toujours est-il que le mélange des couleurs avec le sol maquillé de piments rouge se faisant dorer la pilule, les moissons de céréales et le ciel bleu en arrière plan donnaient de jolies compositions.


Première étape pour le repas du midi du jour 1 et passage dans une famille pour préparer le repas. Notre guide faisait tout, absolument tout et malgré nos propositions il ne voulait pas que nous l'assistions dans sa tâche. La demeure était plutôt humble, la récolte et la cuisine au rez-de-chaussée puis la pièce de vie et les chambres à l'étage. Pas de chaises, un tapis pour toute décoration et bien souvent un meuble-autel pour les prières. Le courant électrique était régulé via un boîtier au dessus de ... la télévision. Je serai bien resté plus longtemps pour voir ce qu'il y avait au programme sur les ondes birmanes.


Même les vaches semblaient perturbées à la vue d'étrangers.


Et voici un aperçu des paysages pimentés de Birmanie


Au niveau "vie sauvage", pas grand chose à se mettre sous l'objectif si ce n'est quelques chauve-souris actives en plein jour, beaucoup d'oiseaux déjà aperçus et cette minuscule mante religieuse qui a dû prier le bon dieu pour ne pas terminer sous nos chaussures.


Arrivée au village pour la nuit chez l'habitant et retour dans les campagnes du début du XXème siècle où tout est manuel, les animaux et les champs dictent le programme de la journée jusqu'au réveil, et où le temps s'est encore arrêté. Une mince réserve de citrouilles et de maïs est stockée à l'extérieur de la maison. L’autel est massif et semble sorti tout droit d'une autre galaxie tant il contraste avec le décors humble de la demeure. Les vaches sur la droite attendent sagement le début de leur journée.


Il est 5h, la campagne s'éveille.


Notre guide se mettait du Tanaka sur le visage, cette poudre jaune que vous pouvez voir sur les joues des birmans. Cette matière jaune est issue du bois de tanaka et une fois mélangée à de l'eau elle offre un trois-en-un très appréciable : maquillage, parfum et protection solaire. Non, L'Oréal n'y est pour rien et on espère que cela va rester ainsi. Tout le monde en met, femmes, enfants, bébés et même les hommes.


Au crépuscule, il ne faisait carrément pas chaud ! Nous avons dormi à même le plancher avec quelques couvertures mais le feu de la cuisine au rez-de-chaussée aurait été plus appréciable. En ayant repris le chemin de la randonnée, la température montait doucement mais sûrement.


... Jusqu'à atteindre un niveau très agréable, comme une journée ensoleillée de printemps en France.


Au loin, entre les deux collines, le lac nous attendait.


Un arrêt dans une petite boutique sur le bord de la route pour refaire le plein d'eau, remettre de la crème solaire (ou du tanaka, selon votre choix) et voir passer un convoi de buffles, montés par des enfants.


Retour sur le lac pour la dernière traversée qui nous ramena sur Nyaungshwe et encore quelques photos a capturer de ce magnifique paysage.


Et puis nouveau départ au petit matin (encore ! Ce ne sont pas des vacances en fait... ) pour rejoindre Heho et grimper pour notre dernier vol intérieur, direction Yangon. De toutes les régions que nous avons pu faire depuis notre arrivée, Inle restera à la seconde place, Bagan ayant ravi notre cœur. Toutefois, la région d'Inle a sûrement plus de choses à offrir sur plusieurs jours que Bagan. Prochain numéro, spécial "nourriture et logement". Et il y a des choses à dire...

Articles déjà publiés sur la Birmanie :
Trip #18 Bagan : des temples, des temples, oui mais de Birmanie ! (3/8)
Trip #18 Passage à Mandalay (4/8)

Et puisque nous sommes dans le pays des rêves, un petit Thomas Fersen de derrière les fagots ne sera pas de trop pour accompagner la lecture. Bonne écoute !


1 commentaire:

  1. Merci de nous faire partager votre magnifique voyage! Et c'est un plaisir de vous lire. On attend la suite avec beaucoup d'impatience!
    Cordialement!

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