mardi 16 février 2016

TDM 02 Laos - Sur la route de Vientiane (3/4)


Ayant déjà passé plus d’une semaine dans le Nord et sur Luang Prabang, la fin du voyage au Laos s’annonçait avant même que nous ayons pu nous en rendre compte. Avant de passer sur Vientiane, nous avions décidé de faire une escale sur Phonsavan pour aller voir la Plaine des Jarres.


Notre voyage s’est donc concentré sur la partie Nord du pays, que nous avons parcouru en bateau, en bus et en bus de nuit. Notre crochet sur Phonsavan nous permettait de découvrir un autre visage de ce pays tout en longueur.


La raison de notre venue sur Phonsavan était la visite de la Plaine des Jarres, située à une trentaine de kilomètres de la ville. Pour nous y rendre, nous avions loué un scooter semi-automatique, de ceux que nous avions pris en Birmanie par exemple (4 vitesses, freins au pied et à la main droite mais pas d’embrayage). Nous arrivâmes sur un site immense mais complètement désert.


Avant de partir sur la plaine, nous avons fait un tour du musée présentant une petite exposition plutôt de bonne facture, avec de grands panneaux explicatifs traduits en anglais. Comme déjà expliqué dans cet article, le Laos est encore terriblement touché par le bombardement américain pendant la guerre du Vietnam. La carte que vous pouvez voir représente les sites affectés par les bombardements incessants durant les 9 années.


Les explications sur les armes utilisées, comme ces bombies dissimulées à l’intérieur de grosses torpilles tombées du ciel.


Avec cette photo, on se rend mieux compte de la taille des engins explosifs. Ce petit aparté en partie sur la guerre omniprésente, et en partie sur des explications à propos du site de la Plaine des Jarres aura eu le mérite de faire une bonne introduction avant la visite sur le terrain.


Car au Laos, si on ne lésine pas sur le nombre de temples, on ne peut pas dire que les lieux touristiques soient très bien expliqués. Nous sommes au centre des visiteurs de la Plaine des Jarres et ce panneau situé sur le chemin sera la seule information disponible.


Et voici l’un des plus grands sites de la Plaine des Jarres ! Comme expliqué précédemment, la Plaine des Jarres est un site archéologique s’étendant sur une superficie de plus de 1,000 km², où d’imposantes jarres en calcaire de grès et granite ont été disposées entre 8,000 ans avant JC et 800 post JC. Ces jarres peuvent peser en 500kg et plusieurs tonnes, et mesurer entre 1 et 3 mètres de haut. Plusieurs hypothèses ont été émises concernant la signification de ces jarres : urnes funéraires, stockage de nourriture ou d'eau, cuves à fermentation pour la production d'alcool. A ce jour, seuls trois sites majeurs sur la soixantaine recensée, sont ouverts au public et ont été nettoyés des vestiges de la guerre du Vietnam. Nous étions sur le site numéro 1.


Les jarres sont de plusieurs tailles, de plusieurs formes et si certaines sont encore intactes (…)


(…) d’autres portent les cicatrices du passage du temps.


Les bombardements ont malheureusement porté les balafres les plus visibles, comme ce trou béant dans le sol laissé par un obus lors de la guerre du Vietnam. Une autre chose frappante quand on visite ce site est la présence de ce type de marquage du passage des services d’anti déminage sur la photo de droite. Le chemin est bordé par deux bornes métalliques, avec une partie rouge et une partie blanche. L’espace entre les deux parties blanches est la zone qui a été déminée en profondeur, et les côtés rouges tournés à l’extérieur indiquent que les recherches ont été effectuées à la surface. Il est fortement recommandé de marcher entre ces plots métalliques, sous peine de rentrer de vos vacances avec une jambe de bois. A l’entrée du site, un grand panneau rouge nous informe sur le projet de déminage mené conjointement par MAG et par l’UNESCO de juillet à octobre 2004 (seulement 10 ans auparavant !). Quelques chiffres : 
1) les recherches visuelles ont porté sur 225,000 m², 
2) les recherches souterraines ont été effectuées sur 24,375 m² 
3) 127 engins explosifs non déclenchés (UXO = Unexploded Ordnance) ont été trouvés et détruits 
4) 34,814 déchets ont été retrouvés (sous la forme de morceaux de métal, fragments, balles, etc.) 
Des chiffres qui donnent le vertige quand on imagine ce qui se trouve encore dans le reste du pays, cela plus de 40 ans après les faits.


Nous sommes allés voir le site numéro 3, situé à plus de 20 kilomètres du premier. Nous nous attendions à être éblouis par ce site que l’on nous présentait comme splendide, et au final la seule chose qui a été réellement éblouissante fut le soleil. Le site numéro 3 était encerclé de fils de fer, bordés par des vaches et des champs.


Preuve en image, voici le champ de droite pour se rendre au site numéro 3. J’avais imaginé une plaine vallonnée de jarres, s’étendant à l’infini. Il n’en était rien, mais la balade fut instructive et cela nous a donné l’occasion de nous promener dans la campagne laotienne.


En rentrant à Phonsavan, nous sommes allés voir les locaux de MAG pour avoir plus d’informations sur leurs activités. Nous avons trouvé des panneaux explicatifs, comme dans le centre des visiteurs de la Plaine des Jarres, expliquant simplement et de manière explicite leur quotidien au Laos. Le premier est introductif sur la réalité des UXO dans le pays et leur provenance.


Le second décrit le travail sur le terrain de l’ONG en quelques chiffres, avec des visuels des équipes sur place, leur travail, et aussi tout un volet sur la situation économique du Laos suite à la présence de ces explosifs et leurs conséquences directes.


Le dernier vous permet d’agir face à cette situation et met en perspective ce que votre donation permettrait de faire. Nous avons aussi pu visionner plusieurs documentaires.


Dernière étape de notre voyage au Laos : Vientiane, la capitale. Vu que nous avions déjà passé beaucoup de temps dans le Nord pour les gibbons, nous n’avions plus assez de jours disponibles pour aller faire la région des lacs dans le Sud. Et donc, nous nous sommes retrouvés avec deux jours non désirés sur Vientiane. Personne ne nous en avait dit du bien, la capitale n’ayant rien de particulier à visiter si ce n’est Patuxai, littéralement « la Porte de la Victoire », un équivalent de l’Arc de Triomphe, avec ses Champs-Élysées. Nous sommes montés au sommet pour prendre quelques photographies de la ville de 800,000 habitants.


Au rayon des centres d’intérêts de la ville, se trouvait That Dam la stupa noire, et cette statue du roi Anouvong, prise dans le parc. Pas grand monde ne se pressait sous la stupa, mais une toute autre effervescence émanait de la place ou était la statue.


Et pour cause, nous étions en pleine célébration de Boun Ok Phansa, la fin du carême bouddhiste. Pour l’occasion, le secteur de la ville situé en bordure du fleuve se transformait en une gigantesque fête foraine, avec beaucoup d’attractions, de musique et de bruit.


La rue principale était devenue une grande ligne droite de pêche aux canards, de jeux de fléchettes avec son lot de grosses peluches à gagner, le tout sur un battle de sonos entre les différents stands.


Près du fleuve, de nombreux stands proposaient d'acheter des offrandes à déposer sur les eaux du Mékong. Un doux mélange de fleurs, de couleurs et d'odeurs de friture émanant des stands voisins.


Ces offrandes se présentaient sous la forme de petits paniers de fleurs flottants, avec bougies et encens, comme à Luang Prabang. Les enfants se chargeaient de les mettre à l’eau et de les faire voguer vers d’autres eaux.


Fin de partie, notre voyage au Laos se terminait après deux semaines très agréables passées dans ce drôle de pays que nous découvrions pour la première fois. L’avion nous emmenait sur Siem Reap, pour découvrir les temples d’Angkor au Cambodge voisin. Prochain article à venir sur les traditionnels anecdotes et souvenirs marquants, vous l'aurez compris : les bonus.


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