lundi 4 juillet 2016

TDM 06 - New-Caledonia - L'Île-des-Pins perdue (2/4)


Quand on pense à la Nouvelle-Calédonie, on pense forcément à l'Île-des-Pins, Kunyié en kanak, ou encore à « l'île la plus proche du paradis », rien que cela. Que ce cache-t-il derrière un sobriquet aussi prétentieux pour un petit lopin de sable ? Le paradis sur mer, tout simplement.


Le paradis donc, comment est-ce ? Et bien, ce n'est pas vraiment infini. 14km de large sur 18km de long, on ne peut pas dire que cela soit bien grand. Est-ce densément peuplé ? Pas beaucoup non plus, on y recense environ 2,000 âmes, à 95% kanakes. L'île doit son nom au célèbre navigateur James Cook qui la baptisa ainsi en raison de la présence abondante de pins colonnaires (Araucaria columnaris) aux hautes silhouettes élancées bien caractéristiques, lors de son passage en 1774.


Comment se rendre au paradis ? Cela ne sert à rien de fréquenter les églises, le meilleur moyen pour y arriver est d'utiliser les voies du ciel (l'avion donc). Si vous marchez sur l'eau ou que vous n'avez pas le mal de mer, vous pouvez également utiliser la voie maritime et ainsi prendre la navette BETICO 2. Nous avions acheté notre salut auprès d'Air Calédonie, pour le meilleur et pour le pire (rdv là aussi dans les bonus...). L'avion ressemblait plus à un bus qu'autre chose, et l’aérodrome de Moue à une salle des fêtes qu'à un lieu de transit, mais nous sommes arrivés à bon (aéro)port et sans encombre.


Je passerai sur la blague « où dormir au paradis ? », nous avions choisi le Camping Koueney de Loulou et Lèlène, tout près de la baie de Kanumera. Nous y avons été reçus très chaleureusement, Loulou et Lèlène ayant tous les deux un cœur énorme et une gentillesse n'ayant d’égale que la largeur de leurs sourires. Ça s'annonçait plutôt bien pour une courte visite au paradis.


Preuve de la simplicité des gens de l’île, ce fut une organisation à la bonne franquette qui nous attendait, Loulou nous demandant où nous souhaitions planter notre tente pour notre séjour. Venant d'Australie où tout était encadré, délimité, régulé, mesuré, on peut dire que le changement fut brutal-génial. Étant arrivés tard, nous avions installé notre tente sous une petite pluie dans la nuit noire, sans trop de repères pour positionner la tente, si ce n’était le bruit de la mer que nous entendions distinctement. Autant vous dire qu'au petit matin, nous fûmes émerveillés par les lieux. Sur la droite, vous pouvez voir notre douche extérieure avec vue sur la mer.


La plage qui bordait le terrain de Loulou n'avait rien à envier aux cartes postales de l’aérodrome, loin de là. Le soleil était au rendez-vous, du moins au petit matin.


L’île-des-Pins recèle de nombreux trésors, dont la fameuse piscine naturelle de la baie d'Oro sur la partie Est. Pour nous y rendre, nous avions loué une voiture à un prix d'ennemi (note pour les futurs visiteurs de l’île : anticipez la location avant d'arriver sur place). Les informations disponibles étaient très sommaires, mais suffisantes pour arriver au bon endroit, presque au bon moment.


Le « presque » vient du fait que la météo n'était pas vraiment de notre côté, une solide chape de gros nuages gris nous bloquant l’accès à un paysage surnaturel. Sans rire, je pense que la même piscine naturelle sous un joli soleil doit vous couper le souffle. Le bleu de l'eau, le blanc du sable, le vert des pins colonnaires, les roches formant un entonnoir pour ouvrir sur une mer agitée, il y avait de quoi rendre dingue plus d'un photographe.


La météo avait été mauvaise la semaine avant notre arrivée, et l'eau atteignait péniblement les 25 degrés. C’était presque difficile d'y aller, je vous promets. Après une longue période de concentration, je me suis tout de même jeté dans ces eaux quasi-bretonnes. En m'éloignant sur les bords de la piscine naturelle, en allant dans une partie plus profonde, je tomba nez à nez avec un objet d'une couleur surprenante, dérivant à la surface. Une sorte de fil bleu semblait flotter, une ligne probablement tombée d'un bateau de pécheurs me disais-je. En bon citoyen écolo, je m’apprêtais à saisir ma trouvaille à pleine main quand un instinct de précaution survint au dernier moment. Et si ce n’était pas un fil de pêche ? En sortant la tête de l'eau, j’aperçus le flotteur transparent caractéristique de la diabolique Physalia physalis ! Bon sang, je me trouvais face à une Galère portugaise, une Physalie, une redoutable Vessie de mer ! Par chance, nous venions juste de croiser ce siphonophore marin (non, ce n'est pas une méduse) sur les pancartes australiennes. Ses nombreux filaments sont extrêmement urticants, et la brûlure peut causer des états de choc chez les victimes, et entraîner la mort.


A l'embouchure de la piscine naturelle, la mer s'agitait inlassablement, se fracassant sur des rochers extrêmement tranchants.


Oh le petit crabe à pince rouge ! On les appelle fiddler crabs en anglais, ou crabes violonistes en français, et pour cause : les mâles possèdent une énorme pince pour livrer bataille et une plus petite pour se nourrir, contrairement aux femelles qui ont deux petites pinces identiques. Ils sont extrêmement craintifs et retournent s’abriter au moindre mouvement suspect. On trouve un crabe similaire aux Antilles, sous le nom de « cé ma faute », le petit crustacé mimant le geste du fidèle se frappant la poitrine lors de la prière du Confiteor (mea culpa). Si vous souhaitez en savoir plus, cliquez ici pour une courte vidéo en anglais.


Profitant d’être motorisés, nous nous sommes aventurés dans un sinueux sentier menant (normalement) à une plage cachée. Comme sur le reste de l’île, on ne peut pas dire que nous ayons été aidé par les panneaux d'information, ces derniers étant tout bonnement inexistants. Pour un territoire qui se veut une des réserves mondiales de métaux, admettez que la situation est cocasse.


Après avoir marché pendant plus de 30 minutes dans cette forêt sans fin, nous arrivâmes finalement à la fameuse plage cachée. Comme je vous disais, la météo ce jour-là n’était pas des plus ensoleillées, mais il faut vivre ces journées ombragées pour encore mieux apprécier les beaux jours.


Et comme par enchantement, le reste du séjour fût ensoleillé. Nous en profitâmes pour faire une excursion îlots avec Kevin, l'un des fils de Loulou et Lèlène. Au programme, nous avions une visite sur l'Atoll de Nokanhui, un passage avec des tortues, et la découverte de l’îlot Brosse et sa nurserie à requins.


Les plus belles photographies de Nokanhui sont prises du ciel, et nous n'avons pas (encore ?) de drone, mais j’espère que vous apprécierez ces clichés qui donnent un aperçu de la beauté des lieus. Car la magie de Nokanhui, comme de beaucoup d'atolls, réside dans le fait qu'il n'y ait rien, au milieu de nulle part.


Une image valant mille mots, je me suis permis d’écourter mes descriptifs et d'ajouter une photo vue du ciel, prise par Ludovic Verfaille*. On y voit un petit monticule de sable s’étirant sur la longueur, avec un brin de verdure que forment quelques buissons à son extrémité.


Dans la couronne d'eau peu profonde près de l'atoll, un couple de rapaces avait élu résidence sur un arbre et assistait aux allées et venues des touristes sur le territoire. Quelques petits poissons venaient nous chatouiller les pieds dans ces eaux transparentes, et nous aperçûmes également un tricot rayé - non pas un chandail à rayure, mais un petit serpent noir et blanc, hautement venimeux.


Non, vraiment, nous étions bien sur L'Île-des-Pins :)


Une fois la carte mémoire de mon appareil photo quasi pleine, nous sommes partis de Nokanhui, direction l’îlot Brosse. Une autre merveille de ce coin de paradis, un modeste îlot bordé de plages de sable blanc au grain d'une finesse irréelle, d'eaux poissonneuses et cristallines, et des célèbres pins colonnaires.


Après un repas copieux, nous avons traversé une forêt et basculé de l'autre côté de l’île pour aller voir la nurserie aux requins. Là-bas, un champ de patates de mer servait de refuge à une population juvénile de requins à pointes noires et de requins citron. Ces petits formats de prédateurs vivent ici pendant leur adolescence, le temps de grandir tout en évoluant dans un endroit sécurisé, avant de prendre le large et de rejoindre le bleu profond de l’océan.


Au top l’îlot Brosse !


Nous avons eu la chance d'avoir un aperçu du paradis lors de nos tous premiers jours en Nouvelle-Calédonie, mais l'appel du Caillou se faisait sentir et nous devions retourner sur la Grande-Terre pour continuer notre exploration de cet endroit unique. Pour celles et ceux qui envisageraient de venir planter leur tente chez Loulou et Lèlène, voici leur adresse : Camping Koueney, chez Loulou et Lèlène - Plage de Kouéney - KUTO.
Email : jeanlouis.josse@yahoo.fr et le téléphone portable de Loulou : (+687) 78 32 28

Comme cette mouette pensante montée sur des pattes de chez Loulouboutin, nous avons repris notre envol pour atterrir quelques minutes après sur Nouméa. L'Île-des-Pins c’était drôlement bien, et on pourrait même dire que vivre ici ce doit être du pin bénit. Suite au prochain numéro : TDM 06 New-Caledonia - Lifou furieux ! (3/4)

Déjà publié sur la Nouvelle-Calédonie : TDM 06 New-Caledonia - E=NC2 mon amour (1/4)

*Ludovic Verfaille : je suis tombé sur cette photo en me promenant sur le moteur de recherche préféré des français. Son auteur possède une page Dronestagram (lien ici) et publie régulièrement des photos à couper le souffle de l’île sur laquelle il a élu résidence : Lifou. J'ai poussé la curiosité à visiter son blog http://bi-ne-drehu.over-blog.com/ et je vous invite comme moi à plonger dans son quotidien d'happy-culteur.

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